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Qu’on se le dise, l’égalité salariale est un droit fondamental de nos sociétés ! Et même s’il est loin d’être appliqué partout, rares sont ceux qui se risqueraient à affirmer que, à travail égal, les femmes devraient être moins rémunérées que les hommes. Et pourtant, il n’y a pas si longtemps, cette thèse était publiquement revendiquée. Parmi les raisons invoquées : le manque de considération pour le sexe féminin autant que des raisons économiques. On disait par exemple que payer les femmes autant que les hommes mènerait à la faillite … !
C’est l’histoire de cette lutte au Royaume-Uni dont nous allons parler aujourd’hui.
Un combat historique
La loi statuant cette égalité (Equal Act Pay) a été votée en 1970, à la suite d’un mouvement social dans l’usine Ford à Dagenham. L’histoire est racontée dans le film We want Sex Equality, sorti en 2010. Mais il pourrait tout aussi bien sortir aujourd’hui, dans la vague des nombreux films « Girl Power » que l’on voit à l’affiche. Je l’ai personnellement vu à l’occasion d’un ciné-débat ce jeudi 7 mars 2019.
Les ouvrières de Dagenham assemblent toute la journée des tissus entre eux pour confectionner les banquettes des voitures Ford, travail pour lequel elles sont diplômées mais pour lequel elles sont nettement moins rémunérées que les hommes. Aidées par un délégué salarial féministe, elles vont dans un premier temps demander à leurs supérieurs hiérarchiques de prendre leur requête en considération. Face à leur indifférence, l’héroïne du film, Rita O’Grady, met en place un mouvement de grève, suivi à l’unanimité par ses collègues. Mais ce mouvement de grève aura des répercussions bien plus larges et importantes que tout ce qu’elles auraient pu imaginer…
Le début de la grève marque le point de départ d’un film très rythmé, dans lequel les scènes se succèdent rapidement, ce qui ne pousse certes pas à une profonde réflexion, mais qui montre très bien la spontanéité et le passage à l’action de ces femmes qui se battent pour leurs droits. Le sentiment d’injustice qu’éprouvent ces ouvrières est parfaitement transmis à travers l’écran et donne envie de venir se battre à leurs côtés.
Derrière la lutte salariale, des enjeux sur la place des femmes dans la société
De nombreux aspects concernant les inégalités hommes-femmes sont abordés tout au long du film. On retrouve ainsi les problématiques du travail des femmes, et la considération accordée à celui-ci, aussi bien financièrement que psychologiquement.
Mais d’autres enjeux sont également soulevés. Ainsi la prise de parole et l’affirmation des femmes sont présentées à travers l’héroïne, lorsqu’elle tient tête, pour la première fois, à ses supérieurs hiérarchiques mais aussi aux ouvriers masculins, qui se plaignent de ne pas pouvoir travailler par sa faute. Également la répartition genrée des tâches au sein de la famille, mettant en lumière une certaine soumission des femmes dans leur foyer. Il est d’ailleurs très clair que le mari de l’héroïne, qui se montre dans un premier temps encourageant vis-à-vis de sa femme, finit par se plaindre de la remplacer à la maison et par demander une reconnaissance qu’il n’avait jamais envisagée pour sa femme.
Le dernier aspect intéressant du féminisme qui est traité dans ce film est la culpabilisation permanente des femmes, tout autant critiquées par les ouvriers, mis au chômage technique à cause de la grève, que par les représentants syndicaux qui méprisent leur combat.
Un combat politique
Les ouvrières se battent également contre le gouvernement qui ne souhaite pas prendre parti dans ce conflit, par crainte d’une fermeture des usines britanniques de Ford. Elles ont pourtant une alliée dans ce gouvernement, dans la figure de la nouvelle ministre de l’emploi de l’époque, Madame Barbara Castle, ce qui va leur permettre de mener leur combat jusqu’au bout, car celle-ci leur apportera un soutien indéniable
En définitive : un film très inspirant et positif, plein d’espoir quant au combat féministe. À voir impérativement en ce mois de mars suivant la Journée Internationale des Droits des Femmes !
Juliette S.
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